À peine venait-il d’entrer dans la voûte étoilée que le petit ange trébucha et tomba. Il fit virevolter des milliers de paillettes incrustées d’or pur qui s’étendaient devant un petit autel simplement orné d’une petite boîte en forme de coeur, couleur perle. Petit ange était bien trop étourdi pour remarquer la petite boîte; il était aussi imprudent d’entrer dans ce lieu divin.
Personne n’osait y pénétrer, car le Roi y habitait. Mais cette journée-là était bien différente des autres. En tout cas pour petit ange, elle était bien surprenante. Il venait de vivre le moment le plus catastrophique de sa courte vie. Si le vous connaissiez, vous sauriez qu’il n’était pas bien vieux et qu’il n’avait pas encore vu les pires atrocités. Il avait toujours vécu dans le confort du ciel, tout près des milliers d’anges qui adoraient le Dieu Tout puissant. Petit ange ne connaissait pas beaucoup Dieu; pas autant que les anges Michel ou Gabriel, mais il savait que le Créateur du monde devait être vénéré, car sa bonté et son amour étaient sans pareil.
Revenons à l’événement qui causa l’énervement de notre ami. Volant tranquillement ce matin-là, il dégusta son petit déjeuner comme à l’habitude. Il chercha quelques feuilles perlées pour s’altérer de la rosée multicolore du matin. Il était souvent endormi à l’aube du jour. Il avait besoin de quelques instants de silence et de recueillement. Quelques heures plus tard, il traversa le majestueux arc-en-ciel, en permanence établie près du château de Dieu. Il entendit ensuite de lourdes voix venant de la terre. N’osant pas s’avancer de trop près, il cherchait le nuage le plus épais pour se cacher et tenter d’écouter les conversations. Les petits anges sont bien curieux, tout comme les petits humains.
Sortant à peine le bout de son nez, il n’entendait pas bien. Le nuage était opaque et bien insonorisé. Penchant donc la tête et c’est à ce moment qu’il la vit. La géante statue. Elle était si grande que petit ange se demanda la façon dont ces humains, peu loquaces, l’avaient construite. Il entendait un vacarme sonore des plus troublants. Trompettes, flûtes, guitares, petites et grandes harpes, cornemuses et instruments de musique de toute sorte jouaient en choeur. Puis soudainement, l’impensable arriva : les milliers d’hommes s’agenouillèrent devant la statue – bien laide selon petit ange (Daniel 3).
Complètement horrifié par cette vue, petit ange s’enfuit au plus vite. Il ne savait pas où aller ni à qui parler de cette scène, alors sans réfléchir, il vola auprès de Celui qui lui donnerait toutes les réponses. Sûrement que Dieu pouvait lui expliquer pourquoi des milliers hommes adoraient une statue au lieu de s’agenouiller devant Lui – leur créateur!
C’est pourquoi petit ange entra aussi rapidement dans le château. Non pas qu’il était interdit d’y entrer, c’est juste qu’il dégageait une gloire si puissante qu’elle était insupportable de trop près. Petit ange n’avait que faire de cette splendeur, il voulait comprendre ce qui venait de se passer.
Dieu l’attendait. Assis royalement sur son trône, il regardait les petites ailes écorchées et s’approcha avec amour, une aiguille à la main pour les réparer. Il s’agenouilla silencieusement, car il connaissait déjà toutes les inquiétudes et tous les questionnements de petit ange.
Trop impressionné pour parler, petit ange ne savait que faire. Il venait de déranger le Tout-puissant, il devrait bien fournir des explications! Mais les mots lui manquaient. Avant même que le désespoir s’empare de lui, Dieu posa sa main sur son épaule et l’appela par son nom. « Charlotte, je sais pourquoi tu es ici. Je sais que tu es triste que les hommes adorent leur idole plutôt que moi. Il y a bien longtemps qu’ils le font, tu sais. »
Ne tenant plus en place, Charlotte se leva d’un bond! – Mais pourquoi Seigneur! Je sais que je suis nouvelle parmi vous, mais j’aimerais comprendre cet outrage!
Et Dieu, patient et tendre, lui raconta le récit de l’humanité qui commençait à la création. Il expliqua l’apparition de la toute première note de musique, douce comme une clochette. Plus la création existait et plus le son de la cloche s’intensifiait pour finalement incorporer un à un tous les instruments de la plus majestueuse des symphonies. Chaque couleur créée était parfaite, chaque animal démontrait l’ingéniosité du Créateur. L’homme et la femme vivaient en harmonie parfaite avec le lion et l’agneau.
Dieu parlait toujours en douceur, en versant quelques larmes aux instants les plus critiques de l’histoire. Puisqu’il avait créé les humains différents des anges et des animaux, les problèmes ont commencé bien tôt au début de la création. Dieu a permis à l’homme et à la femme de faire leurs propres choix sur leur vie. Et ils choisirent la désobéissance une seule fois, ce qui entraîna le péché universel. Parfois les humains optent pour le bien et souvent ils approuvent le mal.
Le Tout-puissant prit sur ses genoux la petite Charlotte qui écoutait attentivement. Elle ne connaissait pas tous les événements du monde. Dieu continua donc son histoire et raconta la chute, le mélange des peuples et des langues lors de la tour de Babel, le déluge, la naissance du peuple de Dieu, le roi David et les nombreuses preuves de désobéissance. La création de Dieu choisissait souvent de s’adorer soi-même, ou lieu de plier les genoux devant Celui qui l’aime et veut son bien.
Après quelques heures de discussion, Charlotte devint de plus en plus confuse. Elle questionnait Dieu : « pourquoi les laisses-tu faire? Pourquoi ne pas intervenir!! »
– Chère enfant, j’ai déjà intervenu une fois. Une seule fois. J’ai détruit la terre entière par les grandes eaux. Et j’ai vu une énorme souffrance. Horrible. J’ai anéanti le mal pour restaurer le bien. J’ai aussi promis de ne plus jamais le faire. L’arc-en-ciel dans laquelle tu es passée ce matin est le signe de cette promesse. Depuis ce temps, je donne des avertissements et des conséquences. Je châtie et je pardonne. Mon peuple demeure infidèle, mais je l’aime.
Alors que ces dernières paroles furent prononcées, le petit coffre posé sur la table se mit à briller. D’abord doucement, puis de plus en plus fort. Charlotte vit à l’intérieur comme une petite pierre changer de couleur de minute en minute. La lumière devenait aussi insoutenable que la gloire de Dieu. Étrangement, Charlotte remarqua qu’elle s’était habituée à l’éclat éblouissant de Dieu.
Majestueusement, Dieu se leva et parla d’une voix puissante : « Gabriel, le moment est venu ». L’ange en question arriva promptement et saisi le coffre. Il le souleva avec précaution et parti en direction de la terre.
Se tournant vers Charlotte, Dieu dit : – La naissance du Sauveur est imminente. Au lieu de détruire ceux que j’aime, j’ai choisi que mon fils s’incarne en homme et sauve mon peuple de ses péchés. Au lieu du châtiment éternel qui les condamnait tous, j’ai envoyé mon fils pour prendre leur place. La semence sera bientôt plantée au coeur de la femme vierge. Bientôt naîtra le Sauveur du monde.
Charlotte ne vit pas les larmes coulées sur les joues de Dieu, car elle admirait les myriades d’anges qui se préparaient à adorer le plus important des bébés.
L’ange lui répondit: L’Esprit Saint descendra sur toi, et la puissance du Dieu très-haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. Luc 1.35
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